Article dans La Vie n°4105 du 2 mai 2024 - 2
Dans le cadre du projet Courte Échelle, l'association accompagne aussi des familles dans les démarches administratives.
Shamim (à gauche) poursuit des études de droit, et Saghir, son frère, veut devenir professeur d'anglais. Ils sont tous deux aidés par l'association depuis 2011.
Fondée en 1999 par la Française Fabienne Fichet, l'association - financée par des fondations, entreprises et principalement à partir de dons et de parrainages - a pris sous son aile une quarantaine d'enfants de Calcutta, veillant à leurs besoins essentiels et mettant l'accent sur leur éducation. Destinés à la misère, ces jeunes, grâce à la scolarisation, ont pu accéder à des établissements renommés. Ils entament aujourd'hui des parcours universitaires ou embrassent déjà des carrières prometteuses.
L'éducation, moteur d'une renaissance
Au dernier étage d'un ancien immeuble du sud de Calcutta, l'« After Care » - centre ouvert par l'association assurant la transition vers le monde adulte - offre un dernier refuge à huit jeunes garçons. Maintenant âgés de plus de 18 ans, ils se lancent dans des études supérieures ou se mettent à la recherche d'un emploi. Ils soulignent unanimement le rôle crucial de l'éducation dans leurs parcours. « Je n'aurais jamais cru aller dans une école privée un jour, explique Arman. Ça a changé ma vie. » Ce brillant élève, grâce à sa parfaite maîtrise de l'anglais, a été approché par un conseiller municipal de sa banlieue natale pour travailler à ses côtés. Désormais passionné de politique, il souhaite l'enseigner.
« J'ai toujours voulu qu'ils aient le meilleur en termes d'éducation, déclare Fabienne. Et je crois que lorsque l'on observe les différents parcours aujourd'hui, c'est un succès. » À l'instar des autres garçons avec qui il a grandi dans l'association, Saghir, confronté à de lourdes violences familiales, errait et mangeait ce qu'il trouvait dans les poubelles lorsqu'il était enfant. « Tout a changé quand je suis arrivé dans l'association, admet-il. Avant, je ne connaissais même pas le mot éducation. Pour moi, tout se résumait à la survie. » Dès lors, son brillant parcours académique lui offre l'accès à un enseignement supérieur. Titulaire d'une licence, ce passionné de littérature et de randonnée aspire à devenir professeur d'anglais.
Saghir, ancien enfant des rues
Ailleurs en Inde, beaucoup n'ont pas eu cette chance. Malgré l'obligation scolaire de 6 à 14 ans, plus de six millions d'enfants étaient privés d'éducation dans le pays en 2019 selon l'Unicef. Mary Chelladurai, directrice de l'ONG Aina Trust, partenaire du Bureau international catholique de l'enfance (BICE) souligne que « ces enfants, issus de milieux très pauvres, souvent habitués à se débrouiller seuls, ont besoin d'un accompagnement personnalisé pour s'insérer dans le système éducatif traditionnel ». Bien que le gouvernement indien « tente de résoudre le problème » en instaurant des lignes téléphoniques d'urgence et en ouvrant des écoles publiques, ces mesures restent largement insuffisantes pour offrir de nouvelles perspectives de vie à ces jeunes.
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