Article dans Marie Claire de février 2002 - 2

FABIENNE NAUHAME CÂLINE ET OFFRE UNE ÉDUCATION A SES « GALOPINS », LES INITIANT À UNE VIE PLUS DOUCE.

En deux ans seulement, Fabienne a épaté plus d'une organisation humanitaire de Calcutta et gagné leur respect. « En dix ans, j'en ai vu passer des volontaires occidentaux, remarque Thierry, un autre Français qui s'occupe des enfants des rues. Ils arrivent, des fantasmes plein la tête, prêts à révolutionner l'Inde à eux tout seuls... et trop souvent, ils repartent quelques mois plus tard, remettant à la rue les enfants qu'ils avaient recueillis. »
Fabienne Nauhame, elle, fait partie de ces gens discrets qui, lorsqu'ils déplacent une montagne, le font sans bruit. « J'avais toujours eu l'envie de faire quelque chose, sans bien savoir quoi... J'étais déjà venue en Inde pour travailler comme bénévole dans un orphelinat du sud du pays. Après cette expérience de cinq mois, j'étais rentrée en France, continuant ma vie. Et un jour, j'ai lu « La Cité de la joie », de Dominique Lapierre (éd. Robert Laffont, ndlr). Un déclic s'est produit en moi. Je suis venue à Calcutta, j'ai rencontré beaucoup d'associations qui travaillaient sur le terrain, et mon projet m'est apparu comme une évidence. J'allais créer le foyer des Galopins de Calcutta. »

E

nsuite, tout va très vite. Plutôt que de revenir en France pour déposer les statuts de l'association et de rédiger des argumentaires visant à obtenir des financements qui mettraient des années à arriver, elle organise tout depuis Calcutta. Sans sponsor ni parrainage, elle se lance dans la lutte contre la misère enfantine, investissant dans cette aventure toutes ses économies, gagnées la nuit dans un centre de tri. Elle communique avec ses parents, sa sœur et quelques amis par e-mail, leur mettant le pari entre les mains. « Ils ont été formidables. Ils ont enregistré l'association conformément à la loi de 1901, activé leur réseau de connaissances... Tout le monde s'y est mis. Un imprimeur nous a tiré gratuitement des dépliants de présentation, ma mère allait les distribuer à la sortie du centre Leclerc pour récupérer du savon, du dentifrice... bref, des choses de base dont les enfants que j'allais recueillir auraient besoin. »
Parallèlement, les dons financiers privés arrivent, et Fabienne peut louer un meublé de quatre pièces pour se loger, elle et les enfants. Elle peut également salarier Sonu, un Indien de 24 ans, ancien enfant de la gare qui a passé dix années en foyer. Sonu parlant anglais et bengali, il travaille en binôme avec Fabienne, pour communiquer avec les enfants de la gare qui ne comprennent que le hindi ou le bengali.

 

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