Accueil Association Diffusion Presse Marie Claire - février 2002

Article dans Marie Claire de février 2002 - 3

DANS LA « MAISON ROSE », LES ENFANTS MANGENT, DORMENT, JOUENT ET FONT LEURS DEVOIRS. ILS SONT ICI CHEZ EUX.

24 ans, ancien enfant de la gare qui a passé dix années en foyer. Sonu parlant anglais et bengali, il travaille en binôme avec Fabienne, pour communiquer avec les enfants de la gare qui ne comprennent que le hindi ou le bengali.
Vingt-quatre mois plus tard, Fabienne Nauhame a déménagé dans un paisible quartier du sud de Calcutta, à l'écart du vacarme de la cité. Elle loue désormais deux appartements pour ses treize « galopins » - « la maison rouge » et « la maison rose » -, situés à cinquante mètres l'un de l'autre. Dormant à trois par chambre, les enfants réussissent à préserver un espace vital.
Anthony, qui réside au foyer depuis son ouverture, a dû apprendre à partager Fabienne avec les autres. Il a eu du mal, a fugué deux ou trois fois, mais il est toujours revenu. « Même s'ils ne présentent pas les symptômes de traumatismes classiques - mutisme, prostration, cauchemars -, ils restent fragiles. Il suffit parfois d'une dispute entre eux ou d'une vexation pour qu'ils prennent la tangente », explique Fabienne. Leur difficulté à reconstituer ou évoquer leur histoire joue un grand rôle dans leur instabilité. Anthony s'invente des mères un peu partout, alors qu'à d'autres moments, il affirme que la sienne est morte brûlée...

Alors que nous sommes en train de discuter, Soumen vient s'asseoir près de nous. À 14 ans, il fait figure de Harry Potter indien. Doué, il a appris l'anglais en six mois. Intelligent, studieux, calme, on aime penser qu'il ira loin. Quand je lui demande ce que signifie le tatouage qu'il porte au poignet, il le cache brusquement. Fabienne m'explique: « C'est son nom, mais il ne veut pas qu'on le reconnaisse. À la mort de ses deux parents, Soumen a été recueilli chez un de ses oncles. Il m'a raconté que lorsqu'il avait faim, il volait des fruits dans les arbres, un cousin le nourrissait en cachette. Obligé de travailler, il était aussi battu. Il s'est enfui, a changé de nom pour que son oncle ne le retrouve pas et a échoué à la gare. Quand je l'ai récupéré, il n'y était que depuis deux jours. » Soumen se colle à Fabienne et pose sa tête sur son épaule. Le manque affectif de ces gosses est criant. Régulièrement, ils grimpent sur les genoux, font un câlin, petits chats en mal d'amour. Si l'affectif est une donnée de base dans la réinsertion de ses « galopins », l'éducation est la priorité de Fabienne.

 

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