Bulletin n° 8 - Les Galopins de Calcutta
Août 1999

 

Depuis le mois d'avril où j'ai commencé à aller dans les gares, j'ai rencontré beaucoup d'enfants vivant sans support familial. Certains sont balayeurs dans les trains et font la navette entre plusieurs villes, d'autres restent à la gare et vérifient les trains pour réussir à trouver à manger ou différents objets qu'ils peuvent utiliser ou revendre. Aujourd'hui 3 de ces enfants sont au foyer et je voudrais encore vous remercier pour eux car quand on les a vus et connus à la gare, vous ne pouvez imaginer à quel point cela fait chaud au cœur de les voir rire,jouer, évoluer dans ce cadre beaucoup plus approprié et sécurisant. Le foyer n'accueillera que des garçons. En Inde il n'est pas permis pour une ONG de mélanger garçons et filles, et à la gare la totalité des enfants seuls sont des garçons.

Le foyer :

Sanjay, arrivé le 5 juillet, va bien. Cet enfant n'a jamais été à l'école et n'a vraiment aucune connaissance et aucun esprit créatif. Il n'a probablement jamais été motivé pour quoi que ce soit. L'arrivée des autres enfants a été difficile pour lui car ils sont bien plus avancés bien que plus jeunes.

Antony, 8 ans, est arrivé le 8 juillet. Son histoire est très compliquée. Il vient de l'état de Mumbai et est arrivé à Calcutta petit avec son père et 4 de ses frères et sœurs. Il a été accueilli à Don Bosco en 1997, mais suite à des désaccords, il s'est enfui en mai 99. Nous l'avons rencontré plusieurs fois en juin et il a accepté de venir dès que nous lui avons proposé. Antony est aujourd'hui bien dans sa peau et déborde d'énergie. Il est brillant pour les études, pour la danse, le foot... et il est franchement drôle. J'ai contacté rapidement une école et il commence le lundi 26 juillet. Bonne chance à lui.

Nooralam, 9 ans, est arrivé le 22 juillet. Ses parents ont décidé de déménager il y a quelques mois et n'ont pas voulu que l'enfant les suive. Nooralam s'est retrouvé seul et s'est alors dirigé vers Calcutta. Il est intelligent, très souriant et extrêmement doué pour la gymnastique.

 

Ce petit foyer prend donc vie et il y règne une bonne atmosphère. Nous avons souvent de la visite et les enfants ont déjà trouvé d'autres copains surtout chez les enfants de Thierry. Les matinées sont toujours bien occupées : petit déjeuner, rangement, lessive et études. Les après-midi sont variées : sorties, activités, jeux... Tout doucement, tout se met en place...

Lilian, artiste d'Argentine, vient 2 fois par semaine animer bénévolement un atelier artistique (dessins, peinture, modelage). Les 3 enfants avec 7 autres dont 3 légèrement handicapés. Ces 7 autres enfants sont de l'organisation de Thierry. Tous les enfants sont passionnés et plusieurs impressionnent Lilian par leur travail.

Mouna, notre Didi, est très bien avec les enfants et très patiente. Elle semble bien apprécier son travail. Elle a d'ailleurs refusé de prendre ses jours de congés ce mois-ci.

Notre cuisinière et femme de ménage qui vient 2 fois par jour se plait tellement avec nous qu'elle veut stopper son autre travail et nous suivre. Une voisine va donner des cours à Sanjay et Nooralam : 2 heures le matin et 1 heure le soir. Ces cours débutent le 26 juillet.

Je prends des informations sur les activités existantes dans le quartier. J'aimerais que les enfants fassent du sport et surtout qu'ils exploitent leurs capacités, comme Nooralam avec la gymnastique.

À la gare :

Nous rencontrons à chaque fois 2 petits garçons (6/7 ans), dont un souffre de malnutrition Rakan et Sujit. Rakan vit avec sa famille sous un pont mais ils ne semblent pas beaucoup se préoccuper de lui : sale, cheveux longs, pas d'habits de sa taille...et il demande souvent à nous suivre. Nous avons rencontré la famille qui nous disent de prendre les 2 enfants au mois d'août. Sujit ne fait pas partie de la famille mais vit avec eux. Ce gosse semble bien perturbé et perdu. Nous allons continuer à les suivre.

Mamad, 6 ans, (cf n° 7), n'est plus à la gare en ce moment. Nous l'avions revu plusieurs fois après son arrivée et il nous évitait.

Les enfants de la gare savent à présent que nous avons ouvert une maison et il est difficile pour certains des grands d'accepter qu'ils ne soient pas choisis car je ne prendrai vraisemblablement pas d'enfant au-dessus de 10 ans.

Trois de 12 à 14 ans me demandent à chaque fois s'ils peuvent venir et je dois dire non. Il m'est aussi de plus en plus difficile d'aller à la gare tout en sachant que la sélection est là, même parmi les petits.

J'ai beaucoup réfléchi aux problèmes des grands et ai donc dans l'idée de proposer à quelques uns de les envoyer en formation professionnelle et de les accueillir seulement le week-end et les vacances. Tout cela bien sûr est à étudier selon les possibilités et le financement à trouver.

En France :

Laurence et Thierry ont bien travaillé. Le site Internet est superbe. Vous pouvez désormais le consulter et nous donner avis et suggestions : http://www.astrsp-mrs.fr/tresse/galopins/galopins.html

Bernard de Bayeux a proposé de faire participer son collège (680 élèves). L'Inde est au programme de la 5ème et les professeurs seraient intéressés d'inclure un support concret à leurs cours. De plus, le collège a un petit groupe humanitaire.

Monsieur le Curé de Sarceaux a fait paraître un article dans son bulletin paroissial sur le projet. Une conférence se déroulera le 17 septembre à partir de 20H00.

L'association A.I.M.E.R. (Aide et Information du Monde des Enfants de la Rue) a étudié notre projet et souhaite me rencontrer pour une aide éventuelle.

L'association Enfance et Partage a donné shorts et T-shirts et souhaite me rencontrer.

Une bénévole a contacté un laboratoire qui a offert et envoyé des médicaments. Le colis est en route.

Yves met à notre disposition une salle de réunion à Cergy (95) pour que je puisse faire une conférence pour la région parisienne. La date reste à déterminer selon mon emploi du temps de septembre puisque je serai en France pendant ce mois.

Merci à tous ceux qui ont donné de l'argent et participent, cela même sans me connaître (chorale de Sarceaux, amis de Pascale, Mme N.,...)

J'ai reçu ces dernières semaines beaucoup de mots de soutien avec des idées nouvelles, différents textes et une volonté presque générale de vouloir aider : BRAVO LA SOLIDARITÉ !

 

Bonnes vacances à ceux qui sont encore en vacances ou pas encore partis.

À bientôt