Bulletin n° 5 - Les Galopins de Calcutta
12 mai 1999

 

Chers amis,
la chaleur commence à nous étouffer de ce côté-ci du globe. Dès 7 H 00 du matin, le soleil nous attaque et ne nous laisse que peu de répit. Nous transpirons au rythme des robinets mal fermés, les ventilateurs tournent à fond 24h/24, le goudron sur les routes se ramollit par endroits... Dans la région de Delhi, il y a eu des pointes à 48 degrés et de nombreuses victimes, alors ne nous plaignons pas. Et puis rappelons le, pour voir le côté positif..., le soleil apporte aussi les mangues...

Il y a quelques jours, nous avons eu une journée entière de pluie. Une pluie diluvienne s'est abattue sur la ville vers 7 heures du matin et à 9 heures certaines routes étaient déjà inondées. Bel avant goût de la mousson. Les trottoirs se sont par endroits protégés de grands plastiques sous lesquels les habitants de la rue se sont agglutinés. Et la vie continue ! Quant à moi, j'ai fait ma propre expérience des inondations en ne trouvant pas mieux que de tomber dans un trou ! L'eau en effet, pas très claire, fait que l'on marche au hasard.... je suis ressortie, sous le regard amusé des indiens, dégoulinante et sale jusqu'en haut des cuisses. je vous laisse imaginer mon arrivée dans le bureau de l'organisation où je me rendais...

En ce qui concerne "nos Galopins", les choses se mettent en place.

L'association est maintenant enregistrée. Je suis heureuse de vous présenter les membres fondateurs :
Président : André FICHET
Trésorière : Nicole FICHET
Secrétaire : Pascale RAUX
Nous attendons la parution dans le journal officiel. Le compte sera ouvert fin mai au plus tard.

Je remercie tous ceux qui m'ont donné des idées pour le nom de l'association. Mais beaucoup nous sont parvenues après que nous soyons arrêtés sur "Les Galopins de Calcutta" afin de déposer le nom.

J'ai fait développer une pellicule en noir et blanc. 12 photos vont être l'objet de cartes, réalisées par Armelle. Nous vendrons la carte 12 FF. Si les cartes se vendent bien, je continuerai à en prendre. N'hésitez pas à demander à les voir. Elles seront dans un premier temps à l'association.

Ici, je récupère toujours les affaires des volontaires qui partent. Je suis à présent équipée en serviettes de toilette, draps, seaux. J'ai même une bouilloire électrique. Les vêtements que je reçois (grande taille) sont distribués dans les gares à ceux qui n'ont rien.

J'ai rencontré un jeune de 24 ans, très dynamique, qui cherche un nouvel emploi. Il travaille actuellement auprès de personnes handicapées mais désire intégrer un autre projet. je pense faire un essai avec lui à l'ouverture du foyer.

Un Canadien, James, s'est montré très intéressé par le projet et m'a gentiment offert une participation financière. J'ai été très touchée et je remercie encore cet élan de générosité spontanée. je vous dirai comment j'ai utilisé cet argent. J'aimerais l'investir dans quelque chose de précis pour que cette première rentrée d'argent ait son point d'honneur.

Sur le terrain, le travail se poursuit. Sonu est toujours fidèle et très agréable avec les enfants. Voici le point de nos actions quotidiennes

  • Raju (voir bulletin n°4) est à présent guéri.
  • Je suis allée rendre visite à Alivasha (voir bulletin n°4). Il semble très intégré mais selon les frères est vraiment intrépide. Kumar est toujours à Don Bosco, mais dans un foyer éloigné.
  • Kasim, 10 ans nous a rencontré lorsqu'il sortait du train. Il venait de parcourir une longue distance. Son père est gitan, nous dit-il, ses frères établis et sa mère ne l'aime pas. Il s'est donc enfui. Nous l'avons accompagné à Don Bosco mais il s'en est échappé quelques jours plus tard. je suis à sa recherche.
  • Un jeune, 12 ans, vient d'arriver du Bangladesh. Il est venu en Inde avec son oncle, ils ont été jusqu'à Bombay puis son oncle l'a délaissé. Il veut à présent repasser la frontière pour retrouver sa famille. Bonne chance à lui.
  • 2 jeunes environ 12 ans, viennent de s'échapper de prison. Ils nous racontent leurs conditions : 60 dans une pièce et une nourriture plus que médiocre. Ils nous disent aussi qu'il y a des tout petits. Un a une vilaine plaie au pied.
  • Nous avons rencontré 2 handicapés mentaux affamés. Il est vraiment difficile pour eux de trouver à manger car ils ne sont pas débrouillards comme les autres gosses de la gare. J'essaie de trouver une solution pour eux mais le frère que j'ai contacté n'est pas venu au rendez-vous et le lendemain les enfants avaient disparus.
  • A chaque fois que nous allons à la gare, nous rencontrons un groupe de 4 ou 5 enfants d'environ 10 à 14 ans. Ils nous connaissent bien à présent et de bons contacts se sont établis. Ces enfants ne veulent pas rester en institution et préfèrent la vie mouvementée de la gare. Vérifier les trains, ramasser les bouteilles qu'ils revendent contre 1 ou 2 roupies (14 centimes). Nous essayons de les vêtir correctement et leur avons offert une fois le cinéma (une place revient à 1,50 FF). Ils étaient vraiment heureux !
  • Voilà donc quelques échos de cette action. Merci vraiment à tous ceux qui m'encouragent. Les lettres et messages que je reçois me donnent beaucoup d'énergie. Vous sentir derrière moi m'est réellement important. N'oubliez pas que sans vous, je ne peux rien. J'espère qu'en France les beaux jours sont arrivés. Je sais au moins que le muguet a fleuri puisque j'ai eu la chance d'en recevoir un brin.

    A bientôt,
    Fabienne