Article du 9 septembre 1999 du Journal de l'Orne
Fabienne, de Sarceaux, vient de créer un foyer pour les gamins des gares de Calcutta, en Inde.
SARCEAUX : UNE ASSOCIATION S'EST FONDÉE POUR SOUTENIR SON PROJET
Fabienne crée un foyer pour les Galopins de Calcutta
Fabienne, 33 ans, de Sarceaux, voulait aider les enfants des gares de Calcutta, en Inde. Elle vient d'ouvrir un foyer et espère donner à vingt d'entre eux une chance de s'en sortir.
Fabienne, 33 ans, de Sarceaux est revenue d'Inde fin août. Elle y repart à la fin du mois. Des voyages qui n'ont rien de touristique. Ses photos montrent principalement des enfants des gares de Calcutta. "Ses" gamins, comme Antony, 8 ans, que l'on voit dormant sur le quai avec un carton pour seul matelas et l'épaule de son copain pour oreiller. C'était il y a quelques mois. Aujourd'hui, Antony va à l'école, comme il le souhaitait. C'est l'un des quatre enfants, avec Surajit, 7 ans, Nooralam, 9 ans, et Sanjay, 10 ans, que Fabienne a déjà sortis de la gare pour leur offrir un foyer. Ils sont orphelins, abandonnés, ou se sont enfuis de chez eux où ils étaient maltraités.
Ce foyer est un appartement, dans lequel elle vit elle-même et qu'elle loue, au rez-de-chaussée d'une maison. "Ils peuvent manger, se laver, dormir, jouer, mais aussi recevoir de l'affection. C'est ce qui leur manque le plus. Car à la gare, les gamins bien débrouillards arrivent à manger. Calcutta étant le terminus, le wagon restaurant leur donne ses restes. Les enfants récupèrent également les bouteilles vides qu'ils revendent".
Elle travaille avec des Indiens ("dont un jeune de 20 ans, ancien de la rue, qui m'aide à communiquer car je ne parle pas encore le bengali") et en collaboration avec des associations et des étrangers, dont un autre Français.
"La cité de la joie" a été le déclic
Fabienne va régulièrement en Inde depuis dis ans. "Au début, je partais pour travailler dans un orphelinat. Je voulais travailler dans l'humanitaire et j'avais toujours le regard tourné vers les enfants".
Vers l'âge de 20 ans, elle vit à Paris, et fait les nuits à La Poste pour payer ses études d'aide-éducatrice. "A Paris, j'aidais déjà bénévolement des associations humanitaires, et c'est après avoir lu le livre "La cité de la joie" que j'ai eu envie de faire quelque chose. Au départ, je me disais "j'aimerais...", mais cela restait un rêve. Je me suis vraiment décidée cette année, en mars, en débutant mon projet sur les enfants des rues. J'ai ouvert le premier foyer début juillet".
Elle paie de sa poche les repas, les premiers loyers (1.000 F mensuels, hors de prix pour beaucoup d'Indiens qui vivent de petits boulots, avec 300 F par mois).
Soutien des copines de Sarceaux
Des amis et parents la suivent dans son projet et, dès le mois de mai, créent une association "Les Galopins de Calcutta", dont le siège est situé à Sarceaux. André Fichet en est le président, Nicole, la trésorière. Pascale, une grande copine de Sarceaux que Fabienne a retrouvée à Paris, qui a fait plusieurs voyages en Inde, s'occupe du secrétariat. Autre amie de Sarceaux, Laurence, actuellement à Marseille, vient de lui créer un site Internet.
Les dons sont libres. On peut donner une seule fois, ou bien à l'année, ou tous les mois... De l'argent, mais aussi "du temps, des fournitures scolaires, produits d'hygiène, vêtements de garçons de 4 à 12 ans, ventes de cartes à l'association... Tout reste à faire, tout est utile".
Les premiers dons sont venus des proches, mais le cercle commencent à s'élargir. "Il va nous falloir trouver d'autres fonds car, dès septembre, l'association prend en charge le foyer", remarque Nicole. Fabienne va quitter le petit appartement pour un plus grand qui va lui permettre d'accueillir jusqu'à dix enfants. "Le loyer est le même mais, cette fois, le logement n'est pas meublé. Il y aura beaucoup de matériel à acheter au départ, du mobilier, le gaz, ou le ventilateur indispensable là-bas".
Elle va ramener quelques vêtements récupérés, notamment auprès d'associations d'Argentan, mais devra acheter le reste sur place, "car nous sommes limités à 20 kg de bagages par personne". Elle lance d'ailleurs un appel à toutes les personnes qui, se rendant à Calcutta, accepteraient de lui emmener des sacs.
Leur donner une chance de s'en sortir
Actuellement, une soixantaine d'enfants vivent dans les gares. "Mon objectif est d'arriver à en sortir une vingtaine parmi ceux âgés de 4 à 13 ans, en ouvrant un deuxième foyer si j'ai assez d'argent. Chez les quatre premiers, deux étaient demandeurs, d'autant qu'il y a, en ce moment, des rafles de police pour les placer dans les "homes". Mais généralement, les jeunes s'en plaignent. Pour le plus jeune, il a fallu faire pression; nous avons dû discuter pendant un mois".
Son foyer est basé sur l'éducation. "Je veux faire davantage un travail de qualité que de quantité, exploiter leurs capacités et leur donner le maximum de chances pour qu'ils s'en sortent plus tard. Une volontaire vient leur donner des cours de poterie et de dessin, trois font du karaté dans un petit club, deux vont déjà à l'école. Car l'objectif est de les envoyer à l'école au bout d'un certain temps. Mais l'école, comme l'uniforme, sont payants, en dehors des écoles du gouvernement qui, apparemment, ne sont pas bien réputées".
Le vendredi 17 septembre, Fabienne invite toutes les personnes qui le souhaitent à assister à la conférence qu'elle donnera, à partir de 20 heures, à la salle de Fleuré, où elle parlera de ses Galopins de Calcutta et de ce rêve qu'elle est en train de réaliser.
M.T.
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Association "Les Galopins de Calcutta"
Président, André Fichet - 23 rue Fontaine Michon - 61200 Sarceaux - Tél. 02.33.67.07.01
Secrétaire, Pascale Raux - 14 rue du Château - 78250 Hardricourt
Antony avant...
...et après
De g. à dr. : Nooralam, Sanjay portant Surajit, et Antony, les 4 premiers enfants vivant aujourd'hui dans le foyer de Fabienne
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