Article dans le n° de novembre 2000 des ÉCHOS DE MEULAN

EN PARLANT AVEC ...

FABIENNE et PASCALE, nous parlent des GALOPINS DE CALCUTTA

Dans notre numéro du mois de mars dernier, nous avons signalé à nos lecteurs la présence sur notre secteur de l'association «LES GALOPINS DE CALCUTTA». Cette association, qui a son siège en Normandie, est représentée dans,notre région par Pascale, une jeune femme d'Hardricourt. Son but : soutenir l'initiative de Fabienne, son amie d'enfance, qui a décidé de travailler auprès des enfants " laissés pour compte " de cette grande ville indienne.
Nous avons pu rencontrer Fabienne, de passage en France en septembre dernier, et lui avons demandé de préciser pour nos lecteurs le but et les moyens de son action humanitaire.


Fabienne et son coéquipier à la rencontre des galopins à la gare de Calcutta.

- Comment vous est venue l'idée de vous intéresser aux enfants des rues de Calcutta ?

Après des études de monitrice éducatrice, j'ai tout d'abord travaillé dans la région parisienne auprès d'enfants en difficulté et auprès d'adultes handicapés mentaux.
Simultanément, j'ai beaucoup voyagé, quelquefois à titre touristique et plus souvent à titre humanitaire, en particulier en Inde, pays que j'ai ainsi bien connu et que j'aime beaucoup.
Frappée par la détresse des enfants qui vivent dans la rue - et en particulier à la gare de Calcutta sans aucun support familial, j'ai décidé de partir là-bas dans le but de faire quelque chose pour eux. Après avoir longuement mûri ce projet et effectué de nombreuses démarches, j'ai ouvert à Calcutta en juillet 1999 un foyer pour les accueillir.

- Pourquoi ces enfants sont-ils privés de support familial ? S'agit-il d'orphelins ?

Certains sont orphelins. Le plus souvent, les parents existent, mais les enfants fuguent ou sont chassés de chez eux en raison de situations familiales très compliquées (par exemple, l'arrivée d'une belle-mère). On les retrouve à la gare, vivant au jour le jour dans des conditions d'existence précaire.

- Pourquoi vont-ils volontiers à la gare ?

Parce que c'est un endroit où ils peuvent se procurer de quoi manger : par la mendicité, grâce à de petits boulots, mais aussi et surtout en récupérant dans les trains toutes sortes d'objets... bouteilles... journaux... qu'ils peuvent revendre.

- Comment procédez-vous pour les sortir de cette situation ?

Accompagnée d'un collaborateur qui parle leur langue (le bengali), je me rends fréquemment à la gare et j'incite à venir au foyer les gamins qui me semblent en avoir le plus besoin. Leurs réactions sont très diverses : certains nous évitent... d'autres acceptent de venir «pour voir»... décident ensuite de rester ou de repartir à la gare... pour revenir un peu plus tard. J'accueille des enfants jeunes - de 6 à 7 ans jusqu'à 10 ans ; il arrive que des plus grands demandent à venir au foyer, mais je ne peux pas les accueillir actuellement. Je dois dire «non»,ce qui m'est très pénible.

- Dans quel état de santé sont-ils ?

Je dois dire qu'ils sont assez résistants. Nous rencontrons beaucoup de petits bobos (brûlures... coupures... écorchures...) quelquefois de grosses plaies, qui guérissent bien, et aussi des cas de maladies, comme la malaria, surtout dans les périodes où la mousson provoque des inondations.

- Le foyer est-il bien équipé ?

Nous disposons d'un appartement de 6 pièces, dans lequel je peux accueillir 8 à 10 enfants. J'ai pu embaucher deux personnes à temps complet et une personne à temps partiel, qui m'aident dans les tâches matérielles, et aussi pour les relations avec les enfants, car je n'ai pas réussi à apprendre le bengali. Je commence à en comprendre quelques mots, mais la langue du foyer est l'anglais. Je nourris l'espoir de pouvoir ouvrir d'ici quelque temps un deuxième foyer, ce qui me permettrait d'accueillir une vingtaine d'enfants, mais je dois avant tout être assurée de pouvoir subvenir parfaitement aux besoins financiers du premier foyer.

- Que leur apportez-vous au foyer ?

Nous nous efforçons de leur donner un minimum d'instruction. En Inde, l'école publique est gratuite, mais on y enseigne uniquement en bengali. L'enseignement en anglais est dispensé dans des écoles privées, payantes.
Dans un premier temps, les plus jeunes vont à l'école publique le matin, et ils reçoivent au foyer des cours donnés par des bénévoles, afin de les mettre à niveau et de leur donner une certaine maîtrise de l'anglais, indispensable pour leur insertion dans la société. Les plus débrouillés, et stabilisés vont ensuite à l'école privée. L'après-midi, activités diverses et jeux : dessin, peinture, modelage, sports... Je compte les garder jusqu'à ce qu'ils aient trouvé un travail : petits boulots, ou, pour certains, possibilité d'avenir grâce à l'informatique. En plus de ce confort matériel, mon but est surtout de leur assurer un quotidien et un futur un peu meilleurs et surtout de les entourer, de les écouter afin de leur apporter le réconfort affectif qui leur manque énormément. J'essaie aussi de leur inculquer un minimum de règles sociales (respect des horaires... propreté... rangement...).

- Y a-t-il d'autres organismes comparables au vôtre à Calcutta ?

Oui bien sûr. Je connais en particulier un foyer ouvert depuis quelques années aux enfants de plus de 10 ans par un jeune français qui m'a beaucoup aidée. II y a aussi des foyers réservés aux filles et aux enfants handicapés (souvent des sourds-muets). Par ailleurs, les Frères de la Charité offrent chaque dimanche aux gamins un repas et la possibilité de se laver.

- Pouvez-vous vous approvisionner sur place ?

En ce qui concerne la nourriture, je trouve tout ce qu'il faut à Calcutta. Par contre, je dois faire venir de France : vêtements, matériel scolaire, jeux et jouets, parapharmacie...

- Comment faites-vous face à la charge financière que tout cela représente ?

Dès le début de l'élaboration de mon projet, je l'ai largement fait connaître autour de moi. Mes parents et mes amis se sont mobilisés avec enthousiasme et ont créé en France l'association «Les Galopins de Calcutta». Nous avons aussi ouvert un site Internet. Un grand mouvement de solidarité internationale s'est établi en faveur des Galopins : adhésions... dons de toutes sortes (vêtements, produits de toilette...) nous sont parvenus, ainsi que beaucoup d'idées... des propositions d'aide de toute nature... des sponsors se sont manifestés... des enfants ont donné leurs jouets... Sans oublier les encouragements que je reçois et qui me sont si précieux.

- II faut que cet élan se maintienne !...

C'est à ce niveau que j'apprécie le rôle de l'association «Les Galopins de Calcutta». Mais je vais laisser parler Pascale, qui met beaucoup d'enthousiasme et d'efficacité à m'aider dans cette entreprise en faisant connaître mon action dans le secteur de Meulan.

- Pascale, quel est le rôle de l'association «Les Galopins de Calcutta» ?

Créée début 1999, cette association a pour but de soutenir les actions menées sur place par Fabienne et son équipe. Avec des idées simples (récupération, vente de cartes et objets artisanaux, expositions de photos, bouche à oreille...) nous nous efforçons de récolter dons matériels et financiers. Nos appels rencontrent un accueil très favorable.

- De quelle manière ?

En nous aidant financièrement, mais aussi :
- en faisant connaître l'association ;
- en y adhérant ;
- en tentant de trouver des possibilités d'acheminement gratuit de matériel ;
- en nous communiquant les adresses de sponsors éventuels ;
- en organisant de petites manifestations, telles que celles qui ont déjà eu lieu ou qui sont en préparation : vente d'objets dans les comités d'entreprise... dans des salles municipales... marchés de Noël...

Nous souhaitons vivement que vos appels soient entendus et que Fabienne puisse poursuivre dans de bonnes conditions l'action humanitaire qu'elle a entreprise, et nous invitons nos lecteurs à venir grossir vos rangs.

Propos recueillis par Alice Montel

Vous pouvez contacter :

Pascale Raux, à Hardricourt

- Tél. : 01 34 74 71 47 ou 06 08 35 84 86

- Site Internet : https://www.galopinsdecalcutta.org

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